Sur le boulevard Ornano, marchent les passants qui se hâtent ou flânent, souvent alourdis par un bagage de souvenirs importuns qui plombent un quotidien déjà étriqué où il s’agit de « gagner » une vie acquise malgré soi, sous le despotisme de petits chefs abusifs. Leurs pas, décrivant toujours les mêmes trajets, les mènent de boîte en boîte, dans le grand corps vivant de la ville aux mille boyaux qui les ingurgitent et les recrachent sans fin. 

Mais sur les trottoirs du boulevard Ornano, ils vivent aussi quelques moment sublimes, devant une terrasse de café qui exhale la fragrance amère des moments inespérés ou en croisant un visage magique, toujours le même, promesse fugitive d’un autre monde ou encore en imaginant le voyage qui les conduira vers un destin inespéré.


C’est la puissance des rêves qui leur donnera la force de continuer.